L’art du Calvados durable au Domaine des 5 Autels
Producteur engagé, Thibault Pitrou nous dévoile son parcours et sa vision du Calvados.
Pouvez-vous présenter le domaine des 5 Autels ?
Le Domaine des 5 Autels est un domaine familial depuis quatre générations. Fondé au début du XXᵉ siècle par mon arrière-grand-père, il s’est transformé en ferme biologique dès 1967 sous l’impulsion de Maurice, mon grand-père.
Dans les années 80, mon père a planté 13 hectares de vergers et a développé la production de cidres et de Calvados bio en privilégiant des méthodes naturelles, sans sulfites ni intrants chimiques.
En 2019, j’ai repris le domaine avec Pierre. Nous nous sommes rencontrés chez Alstom, où nous étions tous deux salariés. En discutant, nous avons découvert que nos deux histoires étaient liées : son arrière-grand-père était le vétérinaire de mes grands-parents en Normandie. Ce hasard nous a rapprochés, et ensemble, nous avons voulu insuffler une nouvelle énergie à l’entreprise.
Aujourd’hui, nous continuons à mettre l’accent sur nos valeurs environnementales : l’objectif est d’atteindre rapidement une production zéro carbone, notamment avec le passage aux bouteilles réemployables et le remplacement progressif du fioul par une chaudière à bois, alimentée par la taille de nos vergers. Enfin, nous sommes fiers de proposer une gamme de Calvados 100% bio allant jusqu’à 25 ans d’âge.
Avez-vous toujours souhaité reprendre le domaine familial ?
Non, quand j’étais plus jeune, je voulais vraiment faire autre chose. J’ai donc commencé une carrière d’ingénieur… mais après 15 ans passés en tant que salarié d’une grosse entreprise, j’avais besoin de donner un peu plus de sens à mon parcours professionnel.
L’idée a commencé à germer quand, avec mes frères et sœurs, il a fallu évoquer l’avenir de l’entreprise familiale. Il n’y avait pas vraiment de solution pour la transmettre mais il m’était difficile de tirer un trait sur notre histoire.
Puis le déclic est vraiment venu lorsqu’un jour, en entrant dans une épicerie fine à la Rochelle, j’y ai vu des produits cidricoles vendus à des prix nettement plus élevés que ceux du domaine des 5 Autels grâce à une communication plus développée. J’ai donc pensé qu’avec nos méthodes de production artisanales et durables, nos cidres et Calvados méritaient une bien meilleure valorisation. Cette frustration m’a finalement poussé à perpétuer l’œuvre de mes parents et de mon grand-père avant eux.
Quel est le principal défi du Calvados pour qu’il se développe en France et à l’international ?
Le plus gros défi de notre catégorie est de faire évoluer son image. On doit repositionner le Calvados comme un spiritueux premium, avec plus de modernité et une communication percutante. À l’international, le Calvados reste parfois éclipsé par certains spiritueux, tel que le Cognac, portés par des marques très influentes. Il nous manque peut-être cet acteur capable de tirer le marché vers le haut.
Comment feriez-vous découvrir le Calvados à un ami ?
Le Calvados a un vrai potentiel en cocktail, surtout en apéritif. C’est une question de moment et je crois que les gens sont plus enclins à découvrir de nouvelles saveurs en début de soirée plutôt qu’à la fin d’un repas.
Il est également essentiel de montrer la diversité du Calvados. Grâce à la multitude de variétés de pommes à cidre, nous produisons un spiritueux unique, et le cocktail est un excellent moyen de mettre en valeur cette richesse aromatique auprès d’un public plus large.
Avez-vous un cocktail favori ?
En ce moment, j’apprécie le Moscow Mule au Calvados, c’est délicieux et très simple : 4 cl de Calvados « Le Songe » complété avec du ginger beer et des glaçons. On pourrait l’appeler le « Norman’Mule » ?