L’innovation au coeur du Domaine du Coquerel
Quel avenir pour le Calvados ? Alexandre Maret, responsable commercial au Domaine du Coquerel, nous partage sa vision.
Présentez-nous le Domaine du Coquerel et le rôle que vous y jouez ?
Le Domaine du Coquerel est une distillerie familiale produisant du Calvados depuis 1937 ainsi que du Pommeau de Normandie. Nous nous sommes également diversifiés avec du gin et avons d’autres projets à venir sur du whisky et du rhum.
J’y occupe les fonctions de responsable commercial, principalement sur la France et l’Europe. Avant cela, je travaillais aux États-Unis chez le distributeur BCI et la marque Coquerel faisait partie de mon portefeuille. C’est ainsi que j’ai rencontré Pierre Martin-Neuhaus, le propriétaire du domaine, et nous avons rapidement noué des liens.
Le Calvados est encore une catégorie de niche. Quel est son potentiel selon vous ?
Je me pose souvent la question mais il peut y avoir un vrai potentiel. Le principal frein reste le manque de notoriété. Pourtant, notre spiritueux a tout pour plaire : une histoire forte, une production durable, un goût unique. Mais les consommateurs n’ont pas le « réflexe Calvados ».
Peut-être que nous resterons une niche… mais pour exploiter ce potentiel, il est essentiel que toutes les marques s’engagent en investissant dans la notoriété et en modernisant l’image du Calvados.
Êtes-vous présent à l’export ?
Oui, dans plus d’une trentaine de pays. D’ailleurs, nous réalisons plus de 70% de notre CA à l’export, à travers nos marchés clés : les USA, l’Asie et l’Europe. Concernant l’Europe, les marchés sont morcelés, mais nous avons de belles relations historiques avec les pays nordiques, notamment ceux où nous sommes leaders de notre catégorie. Récemment, nous avons ouvert l’Italie et le UK qui représentent de belles opportunités pour la catégorie car ce sont des pays à fort potentiel avec une véritable culture des spiritueux.
Comment expliquer ces freins présents même en Normandie ?
Le problème majeur reste une perception datée du produit et un manque de visibilité. Je viens de Rouen, la plus grande ville de la région, et je connais très peu de restaurateurs mettant en avant le Calvados. Pourtant, un simple « Calvados Tonic » sur les cartes ferait une vraie différence. Le marketing joue un rôle clé car d’autres spiritueux, avec plus de moyens, monopolisent l’espace. Il faut une prise de conscience collective : producteurs, interprofession, cavistes et restaurateurs pour aller au-delà des idées reçues. Nous, Normands, devons être fiers du Calvados, et l’assumer pleinement sur nos tables et dans nos établissements.
Quels leviers renforceraient l’avenir du Calvados ?
Il faut bousculer les codes ! Chez Coquerel, nous tentons de nouvelles choses autant que possible et nous avons récemment proposé de nouveaux produits ciblant des niches qualitatives comme le Calvados Cigar Blend ou avec la première cuvée de Calvados vendue en NFT. Ces initiatives font parler de la marque auprès de communautés curieuses de vivre de nouvelles expériences de dégustation. Nous travaillons de manière continue sur nos gammes, nos packagings, et sur la qualité de nos produits afin de proposer régulièrement de nouvelles éditions limitées et des collaborations fortes avec d’autres acteurs de l’industrie, afin de toucher de nouveaux consommateurs et amateurs de spiritueux.
L’avenir peut être radieux mais il reposera sur la capacité de chacun à investir sur sa propre image de marque et sur l’arrivée de nouveaux acteurs pour intensifier la dynamique d’un message commun, clair et pertinent pour les consommateurs.
Avez-vous un cocktail au Calvados favori ?
Le Sazerac revisité avec du Calvados, c’est top ! C’est un cocktail classique dans un style « old fashioned ». Le fruité du Calvados et la céréale du Rye se marient super bien.
